L’Inde devient hautement éduquée

L’Inde a connu une expansion rapide du secteur de l’enseignement supérieur depuis 2001. Le nombre d’établissements d’enseignement supérieur (EES) a considérablement augmenté et le nombre d’inscriptions a quadruplé. Le système d’enseignement supérieur indien est désormais l’un des plus importants au monde avec 49 964 établissements. Malgré l’accès accru à l’enseignement supérieur en Inde, des défis subsistent: la faible employabilité des diplômés, la mauvaise qualité de l’enseignement et les normes réglementaires complexes continuent d’affliger le secteur. Le taux brut de scolarisation (TBS) de l’Inde en 2017-2018 était de 25,8%, mais il est encore loin d’atteindre l’objectif du ministère du Développement des ressources humaines d’atteindre 30% de TBS d’ici 2020.
Alors que l’économie mondiale subit une transformation structurelle, il y aura un changement dans les exigences du marché du travail. L’Inde aura besoin de travailleurs occupant des postes plus récents et plus diversifiés: chercheurs sophistiqués, innovateurs et travailleurs du savoir. Les établissements n’ont pas réussi à identifier le véritable potentiel d’un système d’enseignement supérieur qui fournit les compétences nécessaires. Il faudra résoudre les problèmes systémiques pour créer des institutions mondialement pertinentes et compétitives capables de produire des diplômés employables.
Améliorer la capacité de troisième cycle
Il y a près de 80% d’inscriptions dans les EES au premier cycle. Bien que les inscriptions au troisième cycle aient plus que doublé depuis 2009-2010, il existe toujours une disparité entre les inscriptions au premier cycle et au troisième cycle en raison d’un manque de capacités. L’enseignement postuniversitaire est une voie unique pour obtenir une formation spécialisée et permet d’améliorer l’employabilité. Mais à part les diplômes de maîtrise en arts, sciences et commerce, seul le MBA est devenu un diplôme populaire en raison des perspectives d’emploi brillantes qu’il offre. Les diplômes de recherche représentent une très faible proportion des inscriptions, et la proportion de doctorats décernés a diminué au cours de la dernière décennie. Seuls 36,7% des EES gèrent des programmes de troisième cycle et 3,6% seulement des programmes de doctorat. Une conséquence directe de la faible scolarisation dans les programmes de troisième cycle est la pénurie d’enseignants qualifiés dans le système d’enseignement supérieur.
Le gouvernement doit diriger l’effort visant à étendre suffisamment la capacité des étudiants de troisième cycle. Les établissements privés ne trouvent pas commercialement faisable de gérer des programmes de troisième cycle, sauf dans des cours comme la gestion et l’ingénierie. Obliger tous les EES à avoir des départements de troisième cycle dans des domaines où il y a une pénurie de diplômés et d’enseignants peut aider à combler le fossé. L’encouragement de la formation postuniversitaire et l’octroi de bourses dans tous les domaines seront une motivation importante. Offrir aux étudiants un meilleur accès à l’enseignement supérieur permettra à l’Inde de bien répondre aux exigences changeantes du marché du travail en fournissant une main-d’œuvre hautement qualifiée et prête à l’emploi.
Construire des institutions axées sur la recherche
La recherche dans les EES en Inde n’est pas considérée comme une fonction principale et vitale. Les institutions considèrent l’enseignement et l’examen des masses comme leur fonction principale. Les EES n’ont pas reconnu que l’enseignement et la recherche sont des activités complémentaires et complémentaires. La recherche fondamentale fondamentale, financée par le gouvernement, se déroule en milieu universitaire. Les dépenses brutes de l’Inde en recherche et développement (DIRD), en proportion du PIB, ont diminué depuis 2001 et sont désormais inférieures (0,62%) à ce qu’elles étaient en 1996 (0,65%). Cette baisse se reflète dans la faible capacité de recherche de l’Inde ainsi que dans la production et l’impact inadéquats de la recherche par rapport à des pays comme la Chine.
Il y a deux décennies, le DIRD chinois était inférieur à celui de l’Inde. Il a quadruplé depuis lors. En plus de l’augmentation des investissements, la Chine a construit des institutions axées sur la recherche en encourageant la recherche et l’innovation. Plus de deux douzaines d’agences de recherche participent activement à l’élaboration des politiques de l’enseignement supérieur en Chine; ceux-ci sont absents en Inde. Les réformes politiques ont favorisé les normes mondiales parmi les EES chinois. Elle ouvre la voie en matière de publications, de brevets et possède, selon certaines mesures, quatre des dix meilleures institutions universitaires au monde. La transformation de la Chine en une économie fondée sur la connaissance suggère que le financement, principalement du secteur privé, est essentiel à la production de recherches de premier ordre. Il existe des solutions de marché durables limitées pour soutenir la recherche. La recherche appliquée doit être axée sur l’industrie pour son utilisation. Actuellement, les EES indiens sont mal connectés aux entreprises.

Le gouvernement doit faciliter les liens université-industrie pour transférer les connaissances du milieu universitaire au milieu appliqué. Les dotations des entreprises peuvent aider à construire une infrastructure solide pour la recherche dans les EES et à mettre en place des installations de R&D sur les campus, qui, à l’heure actuelle, sont rares. Le soutien étendu à la recherche par le biais de la responsabilité sociale des entreprises doit être formalisé selon les règles RSE. L’Inde devrait encourager la contribution philanthropique pour la recherche universitaire, comme la Chine l’a fait.
Détendez les normes réglementaires complexes
Pendant trop longtemps, l’Inde s’est soumise à un environnement réglementaire difficile avec un mécanisme de contrôle centralisé. De multiples agences (gouvernements des États, conseils professionnels, universités affiliées, etc.), leurs fonctions qui se chevauchent et des règles strictes ont entraîné la fragmentation du système d’enseignement supérieur. La Commission des subventions universitaires (UGC) n’a pas été en mesure de contrôler avec succès la qualité des EES et d’appliquer les normes. La capacité limitée des agences d’accréditation à évaluer tous les EES a conduit à ne pas reconnaître et récompenser les institutions très performantes. De plus, une configuration d ‘«affiliation» entre les collèges et les universités a affaibli le potentiel des institutions qui auraient autrement pu exceller.